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Le nettoyage

La sécurisation des lieux

Une fois les incendies éteints et le cœur du réacteur isolé, il fallait nettoyer les alentours du réacteur des débris radioactifs que l'explosion du réacteur avait répandu. Même si les feux de graphite avaient été éteints, le graphite n'en était pas moins radioactif et son rayonnement intense interdisait toute approche des lieux.

D'autre part, les 5.000 tonnes de matériaux absorbants déversés sur le réacteur déjà fragilisé par l'explosion risquait à tout moment de provoquer son effondrement. Il fallait donc renforcer le soubassement du réacteur et aussi l'isoler des nappes phréatiques pour éviter toute propagation de la radioactivité par le sous-sol.

Les liquidateurs

Pour assurer le nettoyage de la centrale et de ses environs, les autorités pensèrent d'abord utiliser des robots mécaniques télécommandés. Les soviétiques étaient très avancés dans les techniques des robots avec leurs projets de recherche spatiale, notamment les robots Lunokhod 1 et 2 qui ont fonctionnés sur la Lune. Mais bien vite ils se rendirent compte que l'usage de ces machines était impossible. Les robots se retrouvaient bloqués dans les débris et leurs systèmes électroniques étaient rapidement mis hors d'usage par l'intense radioactivité ambiante. Il n'y avait plus qu'une solution, envoyer des hommes déblayer les décombres autour du réacteur. Les robots biologiques, les "Biorobots".

Alors, le gouvernement recruta parmi les militaires, les pompiers, les paysans, à travers toute l'URSS de l'époque, ceux qui furent appelés les liquidateurs. On ne connait pas leur nombre exact, mais on les estime à environ 400.000, peut-être davantage. Certains avancent le chiffre de 600.000, voire 800.000 ou 1.000.000. Beaucoup de précisions manquent sur beaucoup de points. En 1986, sous le régime soviétique, la catastrophe de Tchernobyl était couverte par le secret d'Etat. En fait, d'après les autorités soviétiques, il ne s'est rien passé à Tchernobyl.

Les liquidateurs ont été chargés, armés de pelles et sans aucune protection spéciales contre les radiations, de nettoyer l'usine, ses environs immédiats et même les contrées alentours.

Le travail le plus important et le plus dangereux fut la remise en état de la centrale nucléaire et des ses environs immédiats. Les soviétiques voulaient garder productifs les trois autres réacteurs, dont le réacteur n° 3 qui était contre le réacteur n° 4 détruit. Il fallait pour cela nettoyer le toit du réacteur n° 3 et le toit du bâtiment des turbines du graphite et des matériaux radioactifs qui y avaient été projetés. Sur le toit du réacteur n° 3, des milliers de roentgens, certainement 20.000 roentgens. Les hommes ne pouvaient y rester que deux minutes. En 40 minutes, le corps humain tomberait en morceaux.

Ce lien vous permet de télécharger une courte vidéo sur le travail des "Biorobots" : Télécharger

Combien de ces hommes sont morts des suites de l'intense radiation. On ne le saura jamais, les soviétiques ont reconnu 31 décès dans cette catastrophe. Quelle est la vérité ? 100.000, 200.000, 300.000 morts ? Que sont devenus ces liquidateurs que tout le monde a oublié, comme si le monde entier avait honte de leur existence. Qu'est-il advenu des promesses qui leur ont été faites ?

Du fait de l'effondrement de l'Union Soviétique en 1990, il est difficile d'avoir des chiffres précis sur les ouvriers qui ont travaillés à la remise en état du site de Tchernobyl et de ses environs. Néanmoins, différentes sources et témoignages se recoupent et donnent des chiffres sensiblement identiques, à l'exception de ceux du rapport de l'ONU après la conférence Vienne en septembre 2005.

Georges Lepnin, physicien Biélorusse qui travaillait sur le réacteur n° 4 estime qu'environ 100.000 liquidateurs seraient décédés des suites de l'exposition aux rayonnements.1

Vyacheslav Grishin de l'organisation "Chernobyl Union" cite que 25.000 liquidateurs russes seraient décédés et 70.000 restés handicapés, autant pour les liquidateurs ukrainiens, et 10.000 liquidateurs tués et 25.000 infirmes en Biélorussie, soit 60.000 morts et 165.000 handicapés. Combien mourront encore des suites de l'exposition aux radiations et des différentes formes de cancer qu'ils auront contractés ? 1

Même si ces chiffres diffèrent selon les témoignages, nous sommes bien loin des 55 morts et des 2.200 décès "possibles" à venir annoncés dans le rapport de l'ONU en 2005.

Que dire, aussi, du suivi de ces liquidateurs. Certains, issus de l'armée, n'ont même pas touché de compensation du fait qu'ils étaient militaires à l'époque des faits.

1 Source Wikipedia


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