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L'accident

Pourquoi ce désastre s'est-il produit ?

(source : canteach.candu.org)

L'ironie de l'histoire est que cet accident à débuté par un test destiné à améliorer la sécurité du réacteur et s'est terminé par la pire catastrophe nucléaire que nous ayons connu.

Le but de ce test était de savoir comment réagirait la centrale en cas de coupure de courant. Une coupure de courant dans une centrale électrique peut sembler paradoxale, mais dans le pire des cas, elle pourrait se produire. Alors, les soviétiques pensèrent utiliser l'énergie cinétique de la turbine et de l'alternateur pour produire du courant pendant les quelques secondes nécessaires au démarrage des groupes électrogènes Diesel. Ces groupes électrogènes démarrent en environ 30 à 40 secondes, mais pendant ce laps de temps il faut maintenir les pompes actives de manière à ce que le cœur reste recouvert d'eau. Donc, il fallait savoir si l'énergie cinétique de la turbine serait suffisante pour alimenter les pompes principales durant ces 30 à 40 secondes critiques.

Le même test avait été conduit précédemment sur le réacteur n°3 sans effet sur le fonctionnement du réacteur, mais la tension électrique avait décru trop rapidement. Il fallait donc refaire le test sur le réacteur n°4 après avoir modifié les installation électriques.

Un réacteur RBMK 1000 actionne deux turbo-alternateurs quand il fonctionne à 100 % de sa puissance. Le principe du test consistait donc à diminuer la puissance du réacteur au-dessous de 50 %. A cette puissance, une seule turbine était suffisante pour absorber la vapeur produite. Ensuite, l'arrivée de vapeur serait déconnectée de la turbine, et l'énergie cinétique de l'ensemble turbine/alternateur serait utilisée pour assurer le fonctionnement des pompes pendant le court instant nécessaire au démarrage des groupes électrogènes.

D'autres paramètres, humains ceux-là, sont intervenus dans le déclenchement de la catastrophe :

Comment s'est déroulé l'accident

Les événements ont, en fait, commencé 24 heures plus tôt pour se terminer par l'explosion du réacteur le 26 avril.

Ci dessous, le résumé des opérations qui seront détaillées plus loin  :

25 avril - 01h00mn :

Le réacteur fonctionne à pleine puissance. La réduction de puissance commence. C'est une situation normale.

25 avril - 13h05mn :

La puissance du réacteur arrive à 50%. Une turbine est arrêtée et toute la vapeur est envoyée sur la turbine restante. Nous sommes toujours dans un déroulement prévu du test.

25 avril - 14h00mn :

Le réacteur continue de fonctionner à 50% de sa puissance pendant plus de 9 heures, suite à une demande d'énergie imprévue.

25 avril - 23h10 :

L'autorisation de continuer le test est donnée.

26 avril - 00h28mn :

En reprenant la réduction de puissance, l'opérateur commet une erreur qui va abaisser la puissance à 1%, presqu'un arrêt du réacteur. Cette opération provoque un remplissage du cœur avec de l'eau et produit également un dégagement de xénon (un absorbeur de neutrons) rendant impossible d'atteindre la puissance requise pour le test.

26 avril - 01h00mn à 01h20mn :

L'opérateur se débrouille pour faire remonter la puissance à 7%. Il tente de contrôler manuellement le réacteur, provoquant de brutales variations de flux et de température.

26 avril - 01h20mn :

L'opérateur désactive l'arrêt automatique du réacteur, la sécurité de niveau d'eau bas ainsi que la sécurité de perte des deux turbines. Le technicien craignait qu'un arrêt fasse avorter le test. Une répétition du test était planifiée et il voulait garder le réacteur fonctionnel dans cette éventualité.

26 avril - 01h23mn04s :

L'opérateur coupe la turbine restante pour commencer le test.

26 avril - 01h23mn40s :

La puissance commence à augmenter. La réduction du débit d'eau en raison du ralentissement des pompes provoque une augmentation progressive du taux de vapeur dans le cœur, conduisant à une augmentation de puissance.

L'opérateur presse alors le bouton d'arrêt d'urgence. Mais du fait de la conception des barres de contrôle et d'arrêt, c'est exactement le contraire qui se produit. La puissance augmente brutalement au lieu de chuter.

26 avril - 01h23mn44s :

La puissance du réacteur atteint 100 fois sa puissance nominale, le combustible de désintègre et l'excès de pression de la vapeur brise les tubes de pression. La pression dans le cœur du réacteur souffle le blindage supérieur de 1.000 tonnes, brisant le reste des tubes de pression qui y sont attachés.


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